Eva, 16 ans : une euthanasie et 5 organes prélevés .

Publié le par Emmanne

Eva [1], une jeune Belge, « a décidé de mourir » alors qu’elle avait 15 ans, « mais d’une mort qui ne soit pas inutile ». Atteinte d’une tumeur au cerveau, elle a été euthanasiée quelques jours après son seizième anniversaire, après avoir donné son foie, ses reins, et ses poumons (cf. Belgique : les recommandations du Comité de bioéthique pour un don d’organes après euthanasie « acceptable éthiquement »).

Eva est la cinquième mineure à être euthanasiée depuis la légalisation de la pratique en 2014.

« Son père, sa mère, les médecins, toute l’équipe médicale [avaient] accepté la perspective d’une euthanasie et bien compris sa volonté « d’aider les gens » par le don d’organes. » En Belgique, « sauf opposition expresse », toute personne domiciliée dans le pays depuis plus de six mois est présumée consentir au don d’organes (cf. Don d’organes : l’automatisme qui découle du consentement présumé s’oppose au principe même du don).

L’euthanasie dans ce cas est pratiquée à l’hôpital, c’est le cas de 30% d’entre elles (cf. Belgique : toujours plus d’euthanasies en 2022).

Ventiler avant d’arrêter le respirateur

« Le problème d’une euthanasie suivie d’un prélèvement d’organes, c’est qu’on n’a pas beaucoup de temps entre le décès et le prélèvement, sinon les greffons sont perdus », indique le Pr François Damas qui pratique des euthanasies à l’hôpital de la Citadelle de Liège, même s’il « favorise les euthanasies à domicile ».

« Au moment de l’injection, au lieu de l’anesthésier avec une dose massive (ce que je fais lors d’une euthanasie), j’injecte une dose normale d’anesthésie, et je demande à ce moment-là à la famille de quitter la chambre. Puis une équipe de réanimation intube la patiente, la ventile avant de la conduire en salle d’opération, précise le praticien. Ce n’est que dans un second temps, lorsqu’elle est installée en salle d’opération, que tout est prêt, qu’on approfondira l’anesthésie, arrêtera le respirateur de manière à laisser la personne décéder et à la déclarer morte, avant de commencer la procédure de prélèvement d’organes. » Une procédure qui prend de l’ordre d’une heure, au lieu de dix minutes sinon.

Une euthanasie de 36h

En préambule de la procédure, il faut procéder à des examens pour « s’assurer de la fiabilité des organes ». Des examens que l’équipe a décidé de ne pas faire avant l’euthanasie pour limiter les transferts de l’adolescente.

« L’euthanasie a donc commencé le jeudi soir pour s’achever 36 heures plus tard, le samedi matin ». « Anesthésiée, intubée, ventilée, Eva a été transportée non pas en salle d’opération mais en soins intensifs, le temps de réaliser les examens nécessaires puis de proposer les organes aux différents centres de transplantation coordonnés par le réseau international auquel participe la Belgique ». Et de recevoir les réponses des quatre coins du réseau Eurotransplant, avant de procéder aux prélèvements.

Une injection létale effectuée en salle d’opération a finalement mis fin à la vie d’Eva le samedi matin.

Son foie, ses reins, ses poumons ont trouvé preneur, mais pas son cœur. « Il n’y avait que des receveurs masculins de grande taille, auquel le cœur de la jeune fille n’aurait pas convenu ».

 

[1] Les dons d’organes devant rester anonymes, l’identité du donneur est confidentielle.

Source : Le Soir, Alain Lallemand (16/10/2023) – Photo : Stefan Schweihofer de Pixabay

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