Des reins de nouveau-nés greffés à des adultes ?

Publié le par Emmanne

Des reins de nouveau-nés greffés à des adultes ?
Publié le 18 Sep, 2023

Lors d’une présentation faite au congrès 2023 de la Société européenne de transplantation d’organes (ESOT)[1], des chercheurs ont promu « la transplantation rénale néonatale » comme « solution “qui change la donne” à la crise pressante de la pénurie d’organes ».

Le « don d’organe néonatal »

Les chercheurs ont évalué « la faisabilité du don d’organe néonatal » en analysant la mortalité néonatale aux Etats-Unis et le « développement à long terme de ces reins après la transplantation », ainsi que « les considérations éthiques et sociales entourant la procédure ». Selon leurs calculs, « sur les 21 000 nourrissons qui ont perdu la vie en 2020, plus de 12 000 auraient pu être considérés comme des donneurs d’organes viables ».

Pour justifier leur approche, ils mettent en avant la « pénurie » en la matière. En janvier 2022, 100 000 patients étaient inscrits sur la liste d’attente pour une greffe de rein aux Etats-Unis. L’année précédente, 24 669 reins avaient été transplantés. Cinq mille patients sont décédés alors qu’ils étaient en attente d’une greffe. Chaque année, en moyenne, entre 15 à 30% des patients inscrits sur les listes d’attente meurent, alors que « l’allongement de l’espérance de vie et l’augmentation des maladies chroniques telles que le diabète, l’obésité et les maladies du foie entraînent un besoin accru de greffes et une réduction du nombre d’organes disponibles ».

En outre, les reins sont l’organe le plus transplanté au sein de l’Union européenne [2]. « Des recherches antérieures ont confirmé la viabilité de la transplantation de reins provenant de donneurs pédiatriques chez des adultes », affirment les scientifiques.

Un « réservoir inexploité » d’organes

Les reins néonatals ont « démontré une croissance de rattrapage et d’excellentes performances à long terme »[3], « dépassant celles des donneurs vivants », ajoutent les chercheurs. En outre, « les techniques de transplantation actuelles se sont également révélées sûres et efficaces » pour ce type d’organes, assurent-ils.

« Cette étude a porté uniquement sur les Etats-Unis, mais si l’on reproduit les résultats dans le monde entier, nous disposons d’un énorme réservoir inexploité d’organes disponibles qui peuvent être utilisés pour des transplantations », déclare le Dr Dai Nghiem, auteur principal de l’étude.

« Il est évident que le don d’organes en pédiatrie présente des défis éthiques et sociaux distincts de ceux du don chez l’adulte », reconnaît-il toutefois. « Pour les familles et les soignants, prendre la décision de faire un don peut être un processus incroyablement difficile, en particulier pour les organes de leur nouveau-né ».

De son côté, le professeur Gabriel Oniscu, président de l’ESOT, veut souligner « l’importance de reconnaître les nouveau-nés comme des donneurs d’organes potentiels ». « Il est impératif que chaque pays européen mette en place des protocoles de dons pédiatriques spécifiques qui englobent les procédures de dons d’organes néonatals », juge-t-il (cf. « Substances d’origine humaine » : un nouveau règlement européen).

 

[1] Nghiem D, Neonatal organ donation for kidney shortage; Is this the time? Presented at the European Society for Organ Transplantation Congress; 17 September 2023; Athens, Greece.

[2] 60% des transplantations en 2018

[3] Au-delà de 25 ans

Source : Medical Xpress, European Society for Organ Transplantation (16/09/2023)

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