Page blanche.

Bon, ça y est , je crois que je sais pourquoi je ne parviens pas écrire une ligne de ce fichu mémoire de DU. J'ai même la tentation de ne rien écrire du tout, de ne pas rendre ce mémoire, de ne pas valider mon année donc pas ma formation universitaire non plus...et alors ça changerait quoi? Je ne vais pas me pourrir la vie avec cette contrainte imposée.Non mais!

En fait je me sers de MA super défense par l'intellectualisation...pour tenter de comprendre le processus et les questions autour des prélèvements d’organes, je lis, je cherche, je réfléchis... et ça me permet de mettre très à distance la réalité...

Parceque alors je ne pense pas aux organes de ma fille. Je ne pense pas aux greffons transplantés chez d'autres...Je ne pense pas à son corps aux mains des chirurgiens .Je ne repense pas à l'horreur de ces heures-là.Je ne revis pas l'abomination de la demande.Encore moins la longue attente.Ni le dernier moment de sa vie, d'Elle parmi nous...

Et forcément, dès que je me mets à vouloir écrire, je suis rattrapée par la réalité de ce que j'ai vécu, par les émotions, par les images gravées sur ma rétine...et je demeure en panne devant ma page blanche.

Et je pleure tout ce que je peux en y repensant...Je sais pourquoi je ne veux pas y penser trop souvent...

Je vibre encore du choc.

Mais comment font les autres? Comment se débrouillent ils avec les images et les pensées , dont je vous épargne les détails cruels...Je me protège.Je vous protège.