Question de la semaine : Qu'est-ce qui détermine qu'un être humain ne vit plus ?Sciences et avenir.

Publié le par Emmanne

"Qu'est-ce qui détermine qu'un être humain ne vit plus ? Est-ce lorsque son cerveau n'émet plus ou lorsque le cœur ne bat plus ?"

nous demande Mohim Alex, sur la page Facebook de Sciences et Avenir. Cette question explore les troubles frontières séparant la vie de la mort ; nous vous proposons d'y répondre avec ce texte initialement publié dans Sciences et Avenir de novembre 2011. Merci à tous pour vos questions, et continuez à nous interroger sur notre page Facebook

Quand est-on déclaré mort ? Toujours lorsqu'un médecin, souvent un réanimateur, le constate selon une somme de critères bien définis par la loi : absence totale de conscience et d'activité motrice spontanée, abolition de tous les réflexes du tronc cérébral, absence de ventilation spontanée. En 2011, 75 % des décès ont eu lieu à l'hôpital. Mais quel que soit le scénario, les premiers rôles sont toujours tenus par les mêmes acteurs incontournables : le duo coeur-poumon et le cerveau. Et tout dépend de celui qui " flanche " en premier. Petit rappel de physiologie. D'un côté, la pompe cardiaque reliée aux poumons assure la circulation du sang dans tous les organes du corps, cerveau compris. De l'autre, le cerveau contrôle en partie le coeur par le biais du tronc cérébral, une structure reliant les deux hémisphères à la moelle épinière et présidant au fonctionnement de certaines fonctions vitales : battements cardiaques, respiration, tension artérielle, mais encore mobilité des yeux, déglutition.

"La mort n'est pas un événement, c'est plutôt un processus"

L'ensemble coeur-poumons peut " lâcher " en premier, en cas d'infarctus, de troubles du rythme cardiaque, de détresse respiratoire aiguë, etc. La situation est alors toujours la suivante : le pouls s'arrête, la personne perd conscience, ne respire plus et ne réagit plus. C'est là que les urgentistes, les yeux rivés sur des écrans, massent, intubent, défibrillent… Des manipulations, qui à partir du moment où les efforts de réanimation sont entrepris, durent au moins trente minutes. Si elles échouent, le constat de décès est prononcé et signé par le médecin. Si un don d'organe est envisagé, cinq minutes supplémentaires sont requises, pendant lesquelles aucun geste thérapeutique n'est effectué avant que les équipes de transplantation interviennent. Toutefois, selon l'âge de la victime, son état général et, bien sûr, la rapidité d'intervention des secours, les réanimateurs sont souvent confrontés à des cas où le coeur repart après quarante, soixante, quatre-vingt-dix minutes de massage cardiaque, voire plus… Parfois, c'est le cerveau qui " lâche " en premier, comme dans le cas d'un traumatisme crânien grave ou d'un accident vasculaire cérébral étendu. Dans ce cas, l'examen clinique mais aussi le scanner et l'imagerie par résonance magnétique (IRM) attestent de l'étendue des lésions cérébrales. Si celles-ci sont massives, le pronostic neurologique s'assombrit, annulant tout espoir de récupération. Quand la circulation cérébrale est totalement interrompue, on parle de " mort encéphalique " ou de " mort cérébrale "

Alors, si on ne meurt qu'une fois, quand précisément ? Si la question semble simple, les réponses le sont donc beaucoup moins. " Cette zone grise de l'agonie demeure très mal connue. Face à un arrêt cardiaque réfractaire à la réanimation, le décès survient en quelques minutes. Deux, trois ou cinq minutes ? On ne le sait pas exactement ", précisait en novembre 2011 à Sciences et Avenir le Dr Jean-Christophe Tortosa, réanimateur, à l'occasion de notre dossier La science et la mort. De fait, en règle générale, le moment exact de la mort importe finalement peu… sauf, toujours, en cas de prélèvement en vue d'une transplantation. Là, il faut faire vite, parfois moins de deux heures, ce qui ne laisse pas à la mort le temps de s'installer. "En fait, la mort n'est pas un événement, résumait le Pr Sadek Beloucif dans ce même dossier. Mais plutôt un processus, constitué de plusieurs étapes". Qui poursuit : "La question centrale est de savoir à partir de quand un arrêt cardiaque peut être considéré comme irréversible". Et le spécialiste de citer les travaux d'une collègue américaine, Gail Van Norman, anesthésiste à Seattle (Etats-Unis). "Pendant environ les deux premières minutes d'une réanimation, les fonctions cardiorespiratoires et neurologiques d'un individu sont probablement réversibles. Puis, jusqu'à trente minutes environ, ces mêmes fonctions deviennent progressivement irréversibles". Soit au total moins de quarante-cinq minutes pour passer de vie à trépas.

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